Covid-19 / PENSER L’APRÊS – Bonitasoft est spécialiste de l’automatisation des processus métiers.
Miguel Valdés-Faura, son CEO, revient pour Silicon.fr sur l’impact de la pandémie dans le fonctionnement de son entreprise et sur sa vision de « l’après ».
Est-ce que cette crise Covid-19 est le crash-test du concept de « transformation numérique des entreprises » dont on parle depuis plusieurs années ?
Miguel Valdés-Faura- Nous allons certainement voir beaucoup de choses changer suite à la crise sanitaire et économique sans précédent que nous traversons. En tant que chef d’entreprise, ce qui m’apparait immédiatement comme un pré requis et une condition de survie c’est l’approche de « durabilité » que chaque entreprise aura su mettre en place, puis, a posteriori, une vraisemblable amplification de l’automatisation numérique.
Je vois trois volets sur ce thème qui sont mis en évidence par la crise actuelle : la durabilité de l’entreprise elle-même pour survivre et prospérer ; la durabilité à l’égard des clients et la durabilité pour et par les employés.
Car lorsque nous engageons une approche durable vis-à-vis de nos clients, de nos partenaires et de notre écosystème, nous ne pensons pas seulement à leur vendre quelque chose dans l’immédiat, mais plutôt à établir une relation de confiance et à nous positionner comme un partenaire, sur la base de relations solides et mutuellement bénéfiques. Aussi, ces clients continueront-ils à nous faire confiance, alors même que nous les accompagnons dans leur transformation numérique.
Une entreprise durable doit également savoir équilibrer les notions de confiance et de responsabilité vis-à-vis de ses employés. La direction fait confiance aux employés pour bien faire leur travail et les employés font confiance à leurs dirigeants pour piloter l’entreprise. Une entreprise passée au télétravail à 100% pendant la période de confinement avec succès n’a pu le faire que si elle avait déjà établi en amont cette relation de confiance avec ses collaborateurs.
Cela est également vrai en matière de transformation numérique. Une entreprise qui entretient de bonnes relations avec ses salariés pourra compter sur leur confiance au fur et à mesure qu’elle automatisera ses processus métiers.
Cette confiance réside d’abord dans la conviction de la Direction concernant le fait que les personnes n’ont pas besoin d’être surveillées pour faire du bon travail ! Je pense que c’est la raison pour laquelle autant d’entreprises ont hésité à sauter le pas du télétravail – jusqu’à ce qu’elles soient confrontées à la pandémie que nous vivons.
Sur le plan du développement commercial, « Optimisez votre croissance » est généralement l’objectif que l’on fixe aux startups, c’est-à-dire une croissance à tout prix. D’après mon expérience, ce n’est tout simplement pas le bon modèle. L’accent doit être mis sur la qualité, une structure solide, l’attention à la satisfaction des clients et des partenaires et un soutien cohérent des employés.
Mettre en place les fondamentaux d’une croissance durable constitue donc un gage de solidité pour une entreprise. Une croissance rapide avec de gros revenus peut effectivement signifier aussi de grosses pertes. Nous avons appris, des autres comme de notre propre expérience, qu’optimiser la croissance tout en restant attentif à une certaine rentabilité permet, certes, un développement plus lent, mais plus stable et plus durable dans le temps. Cela est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de faire face à une crise économique.
Comment voyez-vous l’après pour votre secteur ? Qu’est-ce qui va changer ?
Miguel Valdés-Faura – Les entreprises qui ont su créer une relation de confiance avec leurs employés, leurs clients et leurs partenaires, réussiront à survivre à la crise actuelle et vont ensuite naturellement s’orienter vers une nouvelle ère : celle d’une automatisation numérique beaucoup plus fluide que dans le passé.
Je crois vraiment qu’après la crise post coronavirus, les entreprises vont réaliser l’importance des technologies d’automatisation des processus métier et le rôle de catalyseur que ces technologies peuvent jouer en faveur d’une meilleure coordination du travail entre les personnes, les systèmes et les autres processus.
Dans le même temps, cela apportera la preuve que les humains sont ceux qui stimulent l’innovation, notamment en matière d’automatisation métier. Au cours des mois qui suivront la crise, d’importantes initiatives d’automatisation verront le jour au sein des entreprises. Elles seront liées à la réinvention de leurs processus autour de leur « coeur de métier » et au rôle essentiel que les humains peuvent jouer dans le cadre de telles initiatives.
Les humains sont capables de prendre de la hauteur et d’analyser l’ensemble du système pour voir où déployer des robots et de l’IA et déterminer ensuite comment faire collaborer au mieux ces robots avec eux, afin d’optimiser l’ensemble » des processus. Ce sont en effet d’abord les hommes qui sont à la source de l’innovation par l’automatisation, et non l’automatisation qui génère elle-même de l’innovation.